Sommaire de l’évaluation des besoins montréalais pour la mise en place d’un programme de traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes basé sur l’injection (TDO injectable)
13 décembre 2017
Au printemps 2017, le Cran s’est associé à l’équipe de Michel Perreault, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, pour réaliser la première phase d’une étude de faisabilité visant à évaluer les besoins montréalais pour la mise en place d’un programme de traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes basé sur l’injection (couramment nommé programme de « TDO injectable »). Les données ont été recueillies à l’été 2017 et le rapport final a été produit à l’automne 2017. Voici en bref la démarche ainsi que les résultats de l’étude.
Objectifs de la démarche :
1) Documenter les pratiques courantes pour un traitement de TDO injectable;
2) Évaluer les préférences des usagers montréalais quant à ce type de traitement;
3) Vérifier les besoins montréalais reliés à ce type d’intervention, les critères de sélection et les modalités à mettre en place;
4) Estimer le nombre de patients montréalais qui pourraient être référés vers ce traitement.
Revue sommaire des écrits
Les critères d’admission pour les programmes de TDO injectable s’articulent autour d’un âge minimum (de 18 à 25 ans), de la nature chronique du trouble lié à l’usage d’opioïdes et d’une réponse insatisfaisante aux traitements basés sur la substitution ou sur l’abstinence. Dans plusieurs cas, l’altération de la santé physique ou mentale ou du fonctionnement social sont aussi des critères d’admission dans les programmes de traitement et de recherche. Enfin, d’autres conditions telles que le lieu de résidence et le respect des règlements font aussi partie des considérations recensées.
Les modalités de traitement s’organisent autour de la prescription de diacétylmorphine (héroïne pharmaceutique) auto-administrée sous supervision deux à trois fois par jour avec une co prescription de méthadone. La majorité des programmes proposent un large éventail de services médicaux et psychosociaux offerts sur place ou en partenariat avec d’autres ressources.
Le point de vue d’usagers et d’informateurs clés :
Dans le cadre de deux focus groups, la majorité des usagers oscillent entre une posture inclusive de réduction des méfaits et une position plus restrictive et plus stratégique visant à limiter les abus potentiels, les écueils légaux et les critiques sociales. Dans l’ensemble, les participants recommandent un programme de TDO injectable inclusif et un encadrement qui limiterait les risques d’abus ou d’amplification du problème de consommation d’opioïdes.
Un grand thème transversal se dégage des focus groups d’usagers et des entrevues de professionnels (informateurs clés): la flexibilité en fonction des choix des usagers. Les informateurs clés soulignent l’importance d’une approche individualisée à travers laquelle les professionnels auront la latitude de mettre en pratique leur jugement clinique.
Évaluation des besoins montréalais pour la mise en place d’un programme de TDO injectable
Perreault et coll. 2017
SOMMAIRE 2
Nombre de personnes qui pourraient bénéficier d’un TDO injectable à Montréal :
Estimation basée sur la consultation des médecins et centres spécialisés : deux centres spécialisés et cinq médecins de la communauté ont répondu à la consultation. Au total, ils identifient 111 de leurs patients qui, selon eux, seraient susceptibles de bénéficier d’un traitement basé sur l’injection.
Estimation basée sur les données recensées dans les écrits : Dans les pays où la diacétylmorphine injectable fait partie de l’offre de service en traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes, la proportion des usagers en traitement qui bénéficieraient de ce programme varie entre 5% et 10%. En fonction de l’évaluation du requis de service réalisé en 2016 pour le Cran, on estime que 2223 résidents montréalais recevaient en 2016 un traitement de substitution. En se basant sur la proportion mentionnée dans la littérature, ce serait entre 111 et 222 patients montréalais qui seraient susceptibles de bénéficier d’une offre de traitement basé sur l’injection.
Recommandations
L’équipe de recherche et le comité de travail sur le TDO injectable recommandent la poursuite de l’étude de faisabilité à travers les démarches suivantes :
- L’identification des enjeux cliniques, organisationnels et d’acceptabilité sociale associés à l’implantation d’un programme de TDO injectable;
- La conception d’une offre de service (approche, cadre légal, collaboration avec les partenaires, budget prévisionnel);
- La rédaction d’un avis de pertinence.
Référence complète du rapport :
Perreault, M., Archambault L. et Blouin, C. En collaboration avec le Cran (2017). Évaluation des besoins montréalais pour la mise en place d’un programme de traitement des troubles liés à l’usage d’opioïdes basé sur l’injection (TDO injectable). Montréal, Québec : Centre de recherche de l’hôpital Douglas, 49 p.
Un peu plus sur les auteurs :
Michel Perreault, Ph.D. est chercheur à l’Institut Douglas depuis 1986, professeur agrégé au département de psychiatrie de l’Université McGill depuis 1994 et professeur associé aux programmes d’études et de recherche en toxicomanie de la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. Il est chercheur au Groupe de recherche et intervention sur les substances psychoactives-Québec (RISQ) et au Centre de réadaptation en dépendance de Montréal – Institut universitaire (CRDM-IU).
Œuvrant en milieu de pratique clinique, Michel et son équipe mènent des projets de recherche appliquée sur les traitements, l’organisation et l’évaluation de programmes en psychiatrie et en toxicomanie, dont plusieurs auprès de personnes dépendantes aux opioïdes. Il s’intéresse tout spécialement à l’évaluation des interventions menées par des pairs-aidants auprès de cette clientèle. Il est aussi responsable du programme de formation croisée sur les troubles de santé mentale et de toxicomanie depuis ses débuts, en 2002.
Léonie Archambault, M.A., est coordonnatrice de recherche au sein de l’équipe de Michel Perreault au Centre de recherche de l’Hôpital Douglas, où elle travaille depuis 2012. Détentrice d’une maîtrise en travail social de l’UQAM, elle a aussi été assistante et professionnelle de recherche au Laboratoire sur les pratiques et les politiques sociales de l’UQAM entre 2010 et 2014.
À travers les différents projets de recherche dans lesquels elle a été impliquée, Léonie Archambault s’est intéressé au champ des politiques sociales liées au handicap, à l’évaluation et à l’organisation des services en santé mentale et en toxicomanie, à la formation interprofessionnelle, ainsi qu’aux communautés de pratique.
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