
Alors que le Québec fait face à une crise des surdoses sans précédent depuis des années, les organismes spécialisés en prévention, comme l'AIDQ, voient leurs services compromis faute de financement.
Malgré plusieurs suivis et relances auprès du gouvernement depuis près de dix mois, à un mois de la fin de l’année financière, aucune des subventions annuelles attendues n’a été versée par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Des services essentiels menacés
Quatre organismes spécialisés – l’Association des intervenant·es en dépendance du Québec (AIDQ), l’Association québécoise des centres d’intervention en dépendance (AQCID), le Groupe de recherche et d’intervention psychosociale (GRIP) et l’Association québécoise pour la promotion de la santé des personnes utilisatrices de drogues (AQPSUD) – sont contraints d’annuler des activités et de mettre à pied du personnel.
- À l’AIDQ, l’équipe au complet sera mise à pied : l’ensemble des 16 postes risque d’être supprimé en raison d’un manque de 1,6 million de dollars. L’organisme, qui forme les intervenant·es et accompagne les proches des personnes consommatrices, devra cesser ses activités dès avril si le financement n’est pas confirmé.
- Le GRIP, qui permet aux festivalier·ères d’analyser leurs substances, attend une subvention de 450 000 $. Sans cet argent, six employé·es perdront leur emploi cet été et la présence de l’unité mobile sera compromise.
- L’AQCID, qui intervient dans les écoles, fait face à une perte de 275 000 $ et deux postes sont menacés.
- L’AQPSUD, qui distribue de la naloxone et informe les personnes utilisatrices, accuse un manque de 670 000 $, mettant en péril cinq postes sur dix.
Tous les détails dans l’article du Devoir.
Une crise dénoncée à l’Assemblée nationale
Interpellé en Chambre par le député Guillaume Cliche-Rivard de Québec Solidaire, le ministre Lionel Carmant a d’abord mis de l’avant les campagnes publicitaires gouvernementales sur les surdoses. Pourtant, comme l’a souligné le député :
« Ce n’est pas une question de financement des organismes communautaires, c’est une promesse qui a été faite et qui n’a pas été tenue. Aujourd’hui, les fonds sont bloqués, les coupures ont commencé et des formations essentielles n’auront pas lieu. Nous sommes en pleine crise et ces services disparaissent. »
Face à l’urgence, la réponse du ministre est restée floue :
« Les sommes ont été allouées. Maintenant, on va voir comment elles seront déployées. »
Mais ces délais ont un coût humain : des formations suspendues, des services d’accompagnement interrompus et des postes supprimés, avec un impact direct sur les populations les plus vulnérables. Refuser de verser les fonds aux organismes communautaires, c’est sacrifier des services essentiels et, concrètement, condamner des vies. Des vies comme celle de Mathis. Comme celles des 3 787 personnes emportées par une surdose en 2024 au Canada (source Gouvernement Canada).
Pourquoi démanteler des ressources déjà établies ?
Le gouvernement met en avant des initiatives parallèles, comme la sensibilisation dans les écoles et les campagnes publicitaires, mais ces mesures ne remplacent pas l’expertise des organismes communautaires autonomes, présents sur le terrain depuis plus de 40 ans.
Pourquoi laisser disparaître des services existants au profit de nouvelles structures, alors que les deux pourraient coexister et renforcer l’impact global ?
Les organisations concernées continuent de réclamer une action immédiate pour éviter un bris de services aux conséquences potentiellement dramatiques.
Un grand merci au député de Saint-Henri–Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard de Québec solidaire, pour avoir interpellé le gouvernement face à son silence envers les organismes communautaires. Comme l’a affirmé le premier ministre, les fonds doivent être déployés. Mais lorsque des vies sont en jeu, la question n’est pas comment, mais quand – et les organismes communautaires sont les mieux placés pour en assurer la gestion.