Communiqué de presse -Le projet de loi du parti libéral sur la proximité des services de consommation supervisée de drogues près de services de garde et d’écoles est irréalisable

Communiqué de presse -Le projet de loi du parti libéral sur la proximité des services de consommation supervisée de drogues près de services de garde et d’écoles est irréalisable

Montréal 29 novembre 2024 -

Le projet de loi du parti libéral sur la proximité des services de consommation supervisée de drogues près de services de garde et d’écoles est irréalisable

L’Association des intervenants en dépendance du Québec est particulièrement sensible aux préoccupations de citoyens et de citoyennes en lien avec l’existence des services de consommation supervisée. Elle estime toutefois que ces services sont autant nécessaires que bénéfiques pour l’ensemble de la population et les personnes qui consomment des substances psychoactives. Nous sommes hautement inquiets des répercussions néfastes d’une éventuelle réglementation, à plus forte raison en ce qui a trait à celle proposée par le parti Libéral du Québec. Il faut savoir que l’implantation des services en réduction des méfaits au Québec a toujours répondu à une logique de santé publique. Aussi, doivent-ils se trouver là où les services qu’ils offrent sont nécessaires.  

Ces services ont été implantés en fonction des orientations du Programme national de santé publique (PNSP) 2015-2025 et de la Stratégie nationale de prévention des surdoses. Les services en réduction des méfaits sont des solutions reconnues efficaces tel que décrit dans le PNSP (p.50) Suivant l’approche de réduction des méfaits liée à l’usage de drogues, ces services permettent à la fois de réduire les risques d’infection, de réduire les surdoses, d’offrir aux personnes des soins adaptés à leurs conditions physique et psychologique, ainsi que de les adresser à des ressources en réadaptation si elles souhaitent cesser de consommer. 

Le projet de loi, que souhaite porter la députée de Saint-Laurent Marwah Rizqy, pour faire en sorte que les services de consommation supervisée soient déménagés ou ne soient pas mis en place près de services de garde et d’écoles primaires et secondaires est irréalisable dans le contexte particulier de certaines agglomérations urbaines, dont Montréal. Le journal La Presse a d’ailleurs montré la quasi impossibilité de trouver des lieux à la distance indiquée dans le projet de loi. Une consultation préalable auprès des groupes concernés aurait assurément permis une approche plus nuancée et surtout, plus conséquente. 

Les services de réduction des méfaits existent depuis 35 ans au Québec. Plutôt que d’ajouter davantage de barrières, les organismes communautaires devraient bien au contraire être davantage soutenus. Ils ne sont pas la cause des situations difficiles actuellement rencontrées. C’est l’exacerbation du nombre de personnes en itinérance qui a apporté plus récemment son lot de difficultés. Le manque de logement, de lieux d’accueil appropriés ainsi que de toilettes publiques sont des exemples qui, à notre avis, constituent les principales causes de cette augmentation des tensions difficiles vécues dans la communauté. Le retard criant à répondre à ces besoins n’est pas en soi de la responsabilité des organismes communautaires, lesquels par ailleurs ont depuis fort longtemps agité le drapeau de l’urgence.

Il est nécessaire de rappeler qu’il y avait en 2020 au Québec, 1 239 centres d’accès au matériel d’injection (organismes communautaires, pharmacies, établissement du réseau de la santé et des services sociaux) qui n’occasionnent pas de problème dans la communauté. (MSSS 2020. Portrait du matériel d’injection et d’inhalation de drogues remis par les directions de santé publique aux centres d’accès du Québec : 2016-2017 à 2018-2019). Ce programme a réduit presqu’à zéro le nombres de nouvelles infections par le VIH.

En 2020, une étude publiée par l’Institut national de santé publique démontrait que 85 % des adultes appuyaient les programmes d’accès au matériel d’injection et autour de 75 % appuyaient les services de consommation supervisée. 
C’est à tort que l’attention publique se trouve principalement dirigée sur la portion « consommation supervisée » de l’offre de services des organismes communautaires. Cela ne rend pas justice à l’ensemble de leurs interventions dont la portée est beaucoup plus large. Toute modification réglementaire ou amendement devrait être réalisé avec circonspection. À cet égard, le projet de loi du parti Libéral ne tient aucunement compte de l’efficacité de ces services qui, d’emblée, font partie de l’offre de services de santé et de services sociaux. Plus encore, par son libellé, il renforce la stigmatisation des personnes qui font usage des services en cause et nie toute approche favorisant la nécessaire réflexion sur une juste cohésion sociale.


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Renseignements :
Sandhia Vadlamudy, directrice générale,
(514) 632 9231 - svadlamudy@aidq.org
Association des intervenants en dépendance du Québec (AIDQ)
 

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