Cette année, lors du festival de musique Shambhala (Shams) en Colombie-Britannique, l’équipe de l’AIDQ a été représentée par Julie-Soleil Meeson (Projet Ressource et éducation sur les drogues - REDD) et Nicolas Perron-Trudel (Projet Résonance). Ils ont collaboré avec d’autres organisations, notamment ANKORS, un partenaire de longue date du projet REDD, qui célébrait ses 20 ans de service en offrant de l’analyse de substances aux festivalier·ière·s de Shams. De plus, les organismes québécois Elixir et Iris Estrie étaient également présents pour développer leurs compétences et apprendre auprès d’autres experts.
Voici le compte rendu de Julie-Soleil Meeson, responsable des contenus et de la valorisation de la pratique, et de Nicolas Perron-Trudel, agent de soutien au développement et à la valorisation du savoir expérientiel, concernant leur expérience au cœur du festival Shambhala. Chlöe Sage, la coordonnatrice de l’équipe d’analyse de substances à Shams, surnomme cet événement le "Drug Checking Summer School", qu’elle décrit comme « la meilleure école d’analyse des drogues ». Selon elle, plus il y a de diversité d’expériences et de parcours parmi les analystes de substances, meilleures sont les chances de favoriser un échange enrichissant des connaissances (Sage, Aasen et Meeson, 2022, p. 39).
84 heures de services de qualité
Durant le festival, les 70 membres de l’équipe ANKORS ont assuré 84 heures de services dédiés à l’analyse gratuite et anonyme des substances, aux discussions sur les effets des drogues, les risques, les dosages, les mélanges, ainsi qu’à la santé sexuelle. Ils ont également fourni des informations sur la fête responsable, du matériel de réduction des méfaits, des ressources et du soutien.
Pour la cinquième année consécutive, un service de consommation supervisée (SCS) rattaché à nos services permettait non seulement de doser les substances et de sensibiliser à l’utilisation de la naloxone et des bandelettes de fentanyl, mais aussi de consommer en toute sécurité sous la supervision de personnes expérimentées travaillant dans des SCS au Canada. Un infirmier praticien associé à l’équipe médicale de Shams offrait également la possibilité de prescrire des traitements agonistes opioïdes (TAO) sur place.
Malgré une attente moyenne de deux heures, avec parfois plus d’une centaine de personnes dans la file, les équipes ont réussi à offrir une approche holistique de réduction des méfaits (RdM), permettant aux festivalier·ière·s de choisir les services qui leur convenaient le mieux. Cette approche comprend la minimisation des risques et la promotion de la sensibilisation et de l’éducation sur la consommation de substances et la santé sexuelle, grâce au leadership des personnes ayant un savoir expérientiel (PSE) et à l’engagement communautaire (ANKORS dans Sage, Meeson et Aasen, 2021, p. 14).
"Depuis mon implication à Shams en 2015, j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de personnes qui font un travail extraordinaire en réduction des méfaits à travers le Canada avec peu de moyens. Nous adaptons toujours nos pratiques, nous amenons plus de services, nous essayons de redonner à notre communauté. Pour moi, c’est un des endroits où j’apprends le plus, où je me sens pertinente." – Julie-Soleil Meeson.
Équipe de coordination (en bas à gauche) - Jarred Aasen, Emily Grant, Antoine Marcheterre, Chlöe Sage, Chris Kling et Julie-Soleil Meeson.
L’analyse de substances poursuit trois objectifs principaux :
Promouvoir la santé et la sécurité publique en fournissant des informations précises sur le contenu des drogues, tout en tenant compte des limites des technologies utilisées (FTIR, bandelettes, colorimétrie) pour prévenir les surdoses et les risques associés. ANKORS a mis en place six stations d’analyse supervisées par des experts en RdM et des techniciens spécialisés, garantissant ainsi une analyse précise des substances.
Servir de porte d’entrée vers d’autres services de réduction des méfaits sur le site. L’équipe d’analyse a collaboré étroitement avec les autres services de santé présents, tels que l’équipe médicale, l’équipe de soutien psychosocial (responsable du sanctuaire), l’espace sécurisé pour les personnes vivant des situations de violence sexuelle, et les intervenants de proximité. Cette coopération a été essentielle pour garantir la sécurité et le bien-être des personnes présentes.
Observer et analyser les tendances en matière de drogues pour améliorer la connaissance collective et renforcer la réponse face à l’apparition de substances à risque. Des écrans affichaient en permanence des messages de prévention et les résultats des analyses, et les festivaliers pouvaient accéder à ces informations en temps réel via un QR code.
Équipe d'analyse de substances d'ANKORS à Shams
Tendances et constats :
Les substances les plus souvent analysées étaient la cocaïne, la MDMA, la MDA, la kétamine, le GHB et le LSD. L’équipe a observé une augmentation des pilules par rapport à la poudre pour le 2C-B, la MDMA et la MDA. Bien que la majorité des substances testées correspondent aux attentes des utilisateur·trice·s, il est important de noter que même si la cocaïne testée s’avérait être de la cocaïne, elle n’était pas sans risque. Plusieurs personnes ont vécu des moments difficiles, voire des surdoses, en raison de l’usage de cocaïne.
Un bilan positif :
Grâce à ces pratiques rigoureuses, les équipes ont pu assurer la sécurité et le bien-être des festivaliers, avec plus de 3 000 tests effectués sur une période de six jours. Ces efforts ont non seulement aidé à prévenir des incidents graves, mais ont aussi renforcé la confiance des festivaliers envers les services de réduction des méfaits.
Découvrez le rapport de l'édition 2023 juste ici : Lire le rapport 2023
Sage, C., Aasen, J. et Meeson, J.-S. (2022, août). Chapitre 2 — L’implantation d’un service d’analyse de substances.
Sage, C., Meeson, J.-S. et Aasen, J. (2021, octobre). Chapitre 1 — Services d’analyse de substances : des espaces inclusifs, dans une perspective de réduction des méfaits.