Réactions à la conférence de Pierre Poilievre sur la Maison Benoît-Labre

Réactions à la conférence de Pierre Poilievre sur la Maison Benoît-Labre

Ce vendredi 12 juillet 2024, Pierre Poilievre a tenu une conférence visant la Maison Benoît-Labre, un lieu d'accueil et d'hébergement dans le Sud-Ouest de l'île de Montréal. Le député conservateur demande la fermeture de cet organisme œuvrant pour l'accueil des personnes en situation d'itinérance et de grande précarité, en créant une confusion.

Il devient important de démanteler le discours hostile de M. Poilievre envers la Maison Benoît-Labre, discours nourri par une méconnaissance dans le domaine de la dépendance, du communautaire et des financements de l'État, en plus d'être teinté de stigmatisation.


Clarification sur la nature et la mission de la Maison Benoît-Labre

« La mission de La Maison Benoît Labre est de soutenir les personnes les plus vulnérables (..) nous souhaitons rappeler que les services que nous offrons sont essentiels pour répondre à la hausse de l'itinérance et à la crise des surdoses. Nous poursuivons notre collaboration avec le CIUSSS, les autorités gouvernementales et municipales ainsi que les autres intervenants du milieu afin d’assurer la pérennité des services et son intégration dans le secteur. »

- Andréanne Désilets, directrice générale La Maison Benoît-Labre.

La Maison Benoît-Labre n'est pas un centre de consommation supervisée, mais un lieu d'accueil d'hébergement inclusif dédié à offrir soutien, services et ressources nécessaires à la population la plus vulnérable.

Sa mission est d'améliorer les conditions de vie de chacun en étant un espace communautaire harmonieux, propice au développement du pouvoir d'agir des personnes dans le besoin. La Maison Benoît-Labre œuvre pour la justice sociale en encourageant les relations pacifiques et en aidant les collectivités à prendre soin de leurs membres, notamment en servant des repas et en soutenant leur réinsertion sociale.

Ses objectifs incluent l'intervention sur les conséquences de l'itinérance, la promotion de la santé globale, la prévention de l'itinérance, et la collaboration avec les réseaux de santé et de services sociaux.

La complexité des dépendances et les solutions proposées

«Je vais arrêter de financer ces centres, ils ne vont plus recevoir un sou du gouvernement fédéral et je vais investir dans le traitement pour les gens qui ont une dépendance, pour leur donner l’espoir de vivre sans drogue.»

- Pierre Poilievre, député actuel - Carleton

Cette citation du discours de Pierre Poilievre semble omettre de reconnaître les efforts déjà en place au Québec pour traiter les dépendances. Depuis plusieurs années, des organismes tels que la Maison Benoît-Labre travaillent sans relâche pour offrir des solutions diversifiées, humaines et efficaces. D'autant plus que le financement des services provient non pas du fédéral, mais du provincial.

Ces organisations ne se limitent pas à fournir des services médicaux et sociaux. Elles offrent également un soutien global comprenant la réinsertion sociale, la santé mentale et le développement personnel. Ignorer ces efforts revient à minimiser les progrès réalisés et à nier l'expérience et l'expertise des intervenants dans ce domaine.

Les investissements dans les traitements sont nécessaires, mais ils doivent être complémentaires aux initiatives déjà en place pour maximiser leur impact et offrir un soutien réellement efficace aux personnes en situation de dépendance.

La réalité des centres de consommation supervisée

Les centres de consommation supervisée (SCS), bien qu'ils soient un service complémentaire à l'offre de la Maison Benoît-Labre, jouent un rôle crucial dans la réduction des méfaits associés à la consommation de substances. Des études montrent que ces centres réduisent les décès par surdose (47 000 surdoses et urgences liées à la drogue entre 2017 et juin 2023 dans les SCS) et les comportements à risque, tout en facilitant l'accès aux services de santé et de réhabilitation. (Les SCS au Canada ont orienté environ 257 000 cas vers de tels services à ces services entre 2017 et juin 2023.)*

*Statistiques sur les sites de consommation supervisée au Canada.

La responsabilité sociale et communautaire

Accuser les centres comme la Maison Benoît-Labre de provoquer une hausse de la criminalité et de créer un environnement non sécuritaire pour les habitants est non seulement injuste mais aussi déconnecté des réalités communautaires. Il est essentiel de comprendre que ces centres ne créent pas les problèmes sociaux mais répondent à des besoins pressants dans les communautés vulnérables. Ils offrent un soutien indispensable qui peut aider à prévenir l'isolement social et les comportements dangereux.

Conclusion

«les services dont il est ici question, ne l’oublions pas, sont des
services de santé et des services sociaux et ils doivent être
accessibles là où ils sont requis..»

- Louis Letellier de Saint-Just, président de l'AIDQ

L'argumentation de M. Poilievre, basée sur des approximations et une vision simpliste des problèmes de dépendance, ne fait qu’alimenter les préjugés sans proposer de solutions viables et humaines. Il est impératif de reconnaître le rôle crucial des centres comme la Maison Benoît-Labre dans l'amélioration des conditions de vie des personnes les plus vulnérables au cœur de Montréal.

La fermeture de tels établissements, comme suggéré, ne ferait qu'exacerber les problèmes plutôt que de les résoudre. Une approche plus nuancée et fondée sur des données probantes est nécessaire pour aborder efficacement les défis complexes liés à la toxicomanie et à l'exclusion sociale.


Curieux d'en savoir plus ? Consultez les differents articles sur ce sujet :

TVA Nouvelles : Maison Benoît Labre: Poilievre exige la fermeture du site d’injection

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