Seringues abandonnées : entre préoccupations légitimes et solutions inclusives

Seringues abandonnées : entre préoccupations légitimes et solutions inclusives

Les récents articles de La Presse (1) (2) rapportent des incidents impliquant des seringues abandonnées, un sujet sensible qui suscite des préoccupations légitimes. Ces réactions, bien que compréhensibles, appellent à une réflexion nuancée. Oui, se piquer accidentellement avec une seringue retrouvée près de chez soi est un événement inquiétant et perturbant. Cependant, il est essentiel de replacer cette situation dans son contexte pour éviter des réponses simplistes ou stigmatisantes envers les personnes consommatrices ou en situation de précarité.

Le risque de transmission : un contexte à actualiser

Les données scientifiques disponibles jusqu’à récemment indiquaient que le risque de transmission du VIH ou de l’hépatite C à la suite d’une piqûre accidentelle avec une seringue trouvée dans un lieu inapproprié est extrêmement faible. Aucune séroconversion n’a été documentée dans ce contexte au Canada, aux États-Unis ou en Europe.

Il est essentiel de ne pas minimiser les inquiétudes des citoyennes et citoyens tout en évitant des discours qui perpétuent l’idée que la réduction des risques (RDR) et des méfaits (RDM) est inefficace. 

Bien au contraire : ces approches ont démontré leur efficacité. Par exemple, le Québec et le Canada ont enregistré des baisses significatives des nouvelles infections au VIH chez les personnes consommatrices grâce aux programmes d’échange et de distribution de matériel sécuritaire. 


Tendances des infections virales au Québec chez les injecteurs de drogues (CATIE)


Risques de transmission d'infections liées aux seringues et aiguilles abandonnées (INSPQ)


Des initiatives concrètes pour une sécurité collective

Depuis 2005, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a mis en place un système national de récupération des seringues usagées visant à réduire leur présence dans l’espace public. Ces efforts sont soutenus par des organismes communautaires, qui distribuent du matériel de consommation stérile tout en favorisant la prévention des infections.

Miser sur l’empathie et les solutions inclusives

Les discours médiatiques alarmistes, souvent empreints de simplisme, ne rendent pas justice aux enjeux complexes auxquels sont confrontées les communautés urbaines. Ces propos, bien que légitimes dans leur expression d’inquiétudes citoyennes, doivent être accompagnés d’une perspective équilibrée. Malheureusement, cette nuance est parfois absente des reportages, ce qui alimente la stigmatisation des personnes consommatrices et sous-estime les bienfaits de la RDR et de la RDM.

Au lieu de perpétuer la peur, nous devons promouvoir des solutions qui fonctionnent déjà. Les programmes de distribution de seringues, les initiatives de collecte et les campagnes de sensibilisation ont montré qu’ils permettent non seulement de prévenir des infections graves, mais aussi de protéger l’ensemble de la population.

Rappelons-nous que la stigmatisation n’est pas une solution. En adoptant une approche inclusive et en valorisant les initiatives communautaires et institutionnelles, nous pouvons réduire les risques, répondre aux préoccupations citoyennes et renforcer la solidarité au sein de nos communautés. 

La clé réside dans une collaboration entre les organismes, les autorités publiques et les citoyennes et citoyens, pour créer des environnements urbains sécuritaires et empreints de respect mutuel.
 

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