Le concept de la réduction des méfaits existe depuis très longtemps dans le domaine des dépendances. C’est dans les années 1980 qu'on en est venu à considérer ces actions dans le cadre d'un modèle d'intervention, fondé sur deux postulats : l’humanisme et le pragmatisme. Il s’agit d’une approche qui vise à réduire les conséquences négatives d’une situation donnée, tout en maximisant les expériences agréables et bénéfiques qui y sont liées. Elle s’inscrit dans une perspective de justice sociale et de défense de droits, reconnaissant les personnes utilisatrices de substances et/ou souffrant de problématiques de santé mentale
comme des citoyen·nes à part entière.
Une approche, deux niveaux distincts :
Comme plusieurs autres modèles d’intervention, la réduction des méfaits a au cœur de sa démarche la perspective, les besoins et les aspirations de la personne accompagnée. Les interventions effectuées ne visent pas à imposer un objectif, mais à soutenir les personnes vers une prise de décision libre, éclairée et autonome. Cela implique un accompagnement sans jugement, fondé sur l’impartialité, le respect du rythme et du cheminement de chaque individu.
La réduction des méfaits valorise l’autodétermination, que ce soit en matière de consommation, de médication ou de santé globale, en reconnaissant la validité de tous les choix, y compris celui de ne rien changer.
Cette approche est particulièrement pertinente dans l’intervention auprès de personnes vivant avec un trouble concomitant (une problématique de santé mentale combinée à une consommation de substances). Elle permet de mieux tenir compte des liens entre les effets de la consommation et les symptômes psychiques, tout en distinguant ce qui relève de l’un ou de l’autre. Cela ouvre la voie à une meilleure connaissance de soi et à la détermination de stratégies pour atténuer les conséquences négatives, en misant sur ce qui est réaliste, souhaité et bénéfique pour la personne.
Alex est une personne vivant avec un trouble bipolaire qui consomme régulièrement du cannabis, ainsi que des stimulants, surtout en contexte festif. Graphiste passionné·e par l’art visuel, Alex utilise le cannabis pour son effet inspirant, bien qu’iel remarque une tendance à rechercher des produits à plus forte teneur en THC. Dans le passé, iel a également utilisé des stimulants pour augmenter sa productivité lors de périodes achalandées au travail.
Grâce à un ami, Alex découvre un organisme communautaire, et participe à une activité d’expression artistique sur la consommation de substances. Jeanne, une intervenante de l’organisme, remarque le talent artistique d’Alex et établit rapidement un lien de confiance avec iel. Lors d’un échange privé, Alex partage ses préoccupations liées à sa consommation et son trouble bipolaire, notamment la corrélation qu’iel observe entre ses épisodes de manie/dépression et les périodes de fête prolongées sans sommeil.
Jeanne accueille les confidences d’Alex sans jugement. L’intervenante reconnaît à la fois les bénéfices perçus de la consommation et les impacts potentiels sur la santé mentale. Elle explique à Alex des notions comme la tolérance au THC, ainsi que la loi de l’effet (l’expérience vécue par une personne qui consomme une substance est influencée par l’interaction entre plusieurs facteurs, dont la substance elle-même, l’individu et son contexte).
Jeanne l’éclaire aussi quant à la façon dont les stimulants perturbent le sommeil et peuvent déclencher des épisodes de manie. Elle souligne également les impacts possibles de la consommation fréquente de cannabis sur la motivation et les épisodes dépressifs.
Jeanne propose des pistes concrètes à Alex : opter pour des produits moins concentrés en tétrahydrocannabinol (THC), préférer ceux avec une forte teneur en cannabidiol (CBD), s’approvisionner à la Société québécoise de cannabis (SQDC), limiter les usages à des occasions précises, et surtout, planifier du repos après les périodes festives. Elle explore aussi des stratégies de réduction des méfaits davantage axées sur la santé mentale, comme avoir un filet de sécurité humain en période de crise, ou encore limiter l’accès à des ressources financières pour prévenir des comportements impulsifs. Elle sensibilise aussi Alex à l’importance de continuer à prendre sa médication pour son trouble bipolaire telle que prescrite afin d’en réduire les impacts.
Jeanne énumère les divers services offerts par l’organisme : analyse de substances, matériel de prévention pour l’usage par voie nasale, et accompagnement vers des ressources spécialisées. Tout au long de leur échange, Jeanne veille à respecter les choix d’Alex, en lui offrant du soutien et de l’information qui sont adaptés à sa réalité.
Explorer avec la personne des solutions concrètes et adaptées à sa situation pour l’aider à déterminer ses objectifs;
Avec le consentement de la personne, contacter son médecin traitant afin de discuter du plan de consommation et de réduire son impact sur sa santé mentale.
Au besoin, lui indiquer où trouver :
des lieux d’analyse de substances
des lieux de distribution de matériel de consommation sécuritaire
des salles de consommation supervisées
d’autres ressources d’aide adaptées à ses besoins
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